La tradition Jonang est vitale pour notre monde

Bien que, en dehors des milieux universitaires, peu de gens aient déjà entendu parler de la lignée Jonang, il ne s’agit pas d’une tradition nouvelle. Cette lignée remonte jusqu’en Inde et à la prestigieuse université de Nalanda. Cependant, elle n’est connue sous le nom de “Jonang” que depuis que son fondateur, Kunpang Thukje Tsondru, s’est installé dans la vallée de Jomonang, au Tibet, durant le 13e siècle.

L’une des raisons pour lesquelles la lignée Jonang est aujourd’hui si peu connue est qu’elle n’a pas fui le Tibet en 1959. Ainsi, lorsque le gouvernement tibétain en exil (Central Tibetan Administration) a recensé les traditions existantes, les représentants de la lignée Jonang étaient absents. C’est pourquoi, à ce jour, leurs enseignements authentiques n’ont pu être présentés qu’à très peu d’étrangers.

Ce n’est qu’en 1990 que les premiers moines Jonang ont commencé à sortir du Tibet. Depuis lors, ils ont demandé au gouvernement tibétain de reconnaître que leur tradition méritait un respect égal à celui dont jouissent les lignées Nyingma, Kagyu, Sakya, Geloug et la tradition Bön. Bien que de grandes avancées aient déjà eu lieu, cette reconnaissance n’est malheureusement pas encore acquise complètement.

La tradition Jonang est la détentrice principale des deux lignées importantes présentées ici. C’est pour cette raison qu’il est crucial que le Dharma Jonang fleurisse. En cas d’échec, ces deux systèmes spirituels irremplaçables seraient voués à disparaître.

La lignée soutrique du madhyamaka zhentong

La vue définitive zhentong a été enseignée en premier lieu par le Bouddha Shakyamuni lors des second et troisième Tours de Roue du Dharma. Elle a été transmise uniquement à des disciples dont l’esprit était assez mûr pour recevoir ces profonds enseignements. En se fondant sur ces enseignements, le Bodhisattva Maitreya, le régent du Bouddha Shakyamuni, a composé cinq grands traités:

1. L’Ornement de la claire réalisation (skt. abhisamayālaṃkāra)
2. L’Ornement des soutras du Mahayana (skt. mahāyāna-sūtrālaṅkāra)
3. La Distinction entre le milieu et les extrêmes (skt. madhyāntavibhāga)
4. La Distinction entre les phénomènes et l’ainséité (skt. dharmadharmatāvibhaṇga)
5. Le Sublime continuum (skt. uttaratantraśāstra)

Ces textes furent transmis à Asanga, un moine qui reçut une vision de Maitreya après avoir médité dans une grotte pendant douze ans. La lignée fut ensuite transmise par de grands maîtres indiens, tels Vasubandhu, Saraha, Gangamaitri et d’autres encore. Elle parvint au Tibet au 11e siècle, grâce au traducteur Zi Lotsawa Gawa’i Dorje et à Tsen Khawoche Drimé Sherab, puis fut transmise, par une succession ininterrompue, à l’omniscient Dolpopa Sherab Gyaltsen, au 14e siècle.

LES MAÎTRES DE LA LIGNÉE

La lignée tantrique du Vajra Yoga de Kalachakra

Il est dit que le Bouddha a enseigné ce tantra secret pour la première fois à Drepung (Amaravati), dans le Sud de l’Inde. Le principal récipiendaire de ces enseignements était le roi de Shambhala, Suchandra. Le roi Suchandra a mis le Tantra par écrit et composé des commentaires. La lignée a été maintenue par sept Rois du Dharma, puis onze Rois Kalkis, avant de parvenir en Inde.

Avant le 10e siècle, les enseignements de Kalachakra n’étaient pas pratiqués en Inde. Cependant, il est dit que le grand mahasiddha indien Manjuvajra, ayant obtenu des pouvoirs miraculeux, a pu se rendre à Shambhala. À son retour, il a transmis la lignée à son disciple, Shribhadra.

L’élève de Shribhadra, le grand pandita Dawa Gonpo passa la plus grande partie de sa vie au Tibet, travaillant avec Dro Lotsawa pour traduire la totalité des enseignements de Kalachakra. La lignée a ensuite été préservée et transmise par de nombreux maîtres tibétains, tels Lama Lhaje Gompa, Lama Droton Namsek et le grand Yumo Mikyo Dorje, qui a largement propagé ces enseignements.

Au 13e siècle, Kunpang Thukje Tsondru a reçu plus de 17 lignées différentes du tantra de Kalachakra de nombreux maîtres. Il a passé de nombreuses années en retraite, pratiquant les Six Vajra Yogas dans un lieu appelé Jomonang. Cet endroit allait devenir le site du monastère principal de la lignée Jonang, également connu comme le Second Shambhala. Thukje Tsondru a, par la suite, combiné ces lignées en une extraordinaire lignée de pratique unique, qui est au cœur de l’enseignement Jonang jusqu’à nos jours.

LES MAÎTRES DE LA LIGNÉE